Anke Posted February 26, 2015 Share Posted February 26, 2015 Sur la route, près des labours,Le forgeron énorme et gourd,Depuis les temps déjà si vieux, que fumentLes émeutes du fer et des aciers sur son enclume,Martèle, étrangement, près des flammes intenses,A grands coups pleins, les pâles lamesImmenses de la patience.Tous ceux du bourg qui habitent son coin,Avec la haine en leurs deux poings,Muette,Savent pourquoi le forgeronA son labeur de tâcheron,Sans que jamaisSes dents mâchent des cris mauvais,S'entête.Mais ceux d'ailleurs dont les paroles vainesSont des abois, devant les buissons creux,Au fond des plaines ;Les agités et les fiévreuxFixent, avec pitié ou méfiance,Ses lents yeux doux remplis du seul silence.Le forgeron travaille et peine,Au long des jours et des semaines.Dans son brasier, il a jetéLes cris d'opiniâtreté,La rage sourde et séculaire ;Dans son brasier d'or exalté,Maître de soi, il a jetéRévoltes, deuils, violences, colères,Pour leur donner la trempe et la clartéDu fer et de l'éclair.Son frontExempt de crainte et pur d'affronts,Sur des flammes se penche, et tout à coup rayonne.Devant ses yeux, le feu brûle en couronne.Ses mains grandes, obstinément,Manient, ainsi que de futurs tourments,Les marteaux clairs, libres et transformantsEt ses muscles s'élargissent, pour la conquêteDont le rêve dort en sa tête.Il a compté les maux immesurables :Les conseils nuls donnés aux misérables ;Les aveugles du soi, qui conduisent les autres ;La langue en fiel durci des faux apôtres ;La justice par des textes barricadée ;L'effroi plantant sa corne, au front de chaque idée ;Les bras géants d'ardeur, également serviles,Dans la santé des champs ou la fièvre des villes ;Le village, coupé par l'ombre immense et noireQui tombe en faulx du vieux clocher comminatoire ;Les pauvres gens, sur qui pèsent les pauvres chaumes,Jusqu'à ployer leurs deux genoux, devant l'aumône ;La misère dont plus aucun remords ne bouge,Serrant entre ses mains l'arme qui sera rouge ;Le droit de vivre et de grandir, suivant sa force,Serré, dans les treillis noueux des lois retorses :La lumière de joie et de tendresse mâle,Eteinte, entre les doigts pincés de la morale ;L'empoisonnement vert de la pure fontaineDe diamant, où boit la conscience humaineEt puis, malgré tant de serments et de promesses,A ceux que l'on redoute ou bien que l'on oppresse,Le recommencement toujours de la même détresse.Le forgeron sachant combienOn épilogue, autour des pactes,Depuis longtemps, ne dit plus rien :L'accord étant fatal au jour des actes ;Il est l'incassable entêtéQui vainc ou qu'on assomme ;Qui n'a jamais lâché sa fierté d'hommeD'entre ses dents de volonté ;Qui veut tout ce qu'il veut si fortement,Que son vouloir broierait du diamantEt s'en irait, au fond des nuits profondes,Ployer les lois qui font rouler les mondes Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
Turbotec Posted February 26, 2015 Share Posted February 26, 2015 c'est beau :clapping: Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
Grincheux Posted February 26, 2015 Share Posted February 26, 2015 (edited) Anke bravo ,à l'auteur :115: et merci de nous faire profiter . Edited February 26, 2015 by Grincheux Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
Abramo Posted February 26, 2015 Share Posted February 26, 2015 ............................................................................................. :clapping: Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
Anke Posted February 26, 2015 Author Share Posted February 26, 2015 C'est de emile verhaeren. Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
Turbotec Posted February 26, 2015 Share Posted February 26, 2015 c'est qui un forgeron ? :06: Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
chasseur fou 25 Posted February 26, 2015 Share Posted February 26, 2015 nan, c'est un boeuloup qui nous a cassé les burettes pour ses récitations à apprendre par coeur à l'école.C'est à cause de types comme lui que je préfère les BD maintenant Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
trapdoor444 Posted February 27, 2015 Share Posted February 27, 2015 tu dis ça parce qu'en fait, tu as appris a lire sur le tard.Nous sommes restés Emile et toi tu es resté Imageje plaisante bien sur! Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
chasseur fou 25 Posted February 27, 2015 Share Posted February 27, 2015 mais nan, ,t'as tout à fait raison. Bien que je soigne mes textes, j'ai en horreur tous ces poètes qui ont envahi mes études d'inepties et j'ai trouvé refuge dans les BD où bien des auteurs mériteraient des prix littéraires .Ceci dit (bel abès...!) je peux me plonger dans un récit d'aventure vécue et m'y délecter 500 pages durant . Quote Link to comment Share on other sites More sharing options...
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