Et l'éthique dans tout ça?

[ArcoIris]

Bonjour à tous,

 

Je m’appelle Pierre, vis en Espagne depuis l’année dernièreet tire à l’arc depuis cette même période plus ou moins. Je m’excuse tout d’abord de venir jouer les troubles fêtes dans ce forum si sympathique, en plus pourmon premier sujet. Le fait est qu’il y a quand même une petite chose qui me gêne un peu dans le monde des archers et des selfbows en particulier. Nombre des personnes de ma connaissance fabriquant leurs propres arcs ne voient dans les arbres que les courbes et les essences adaptées à leur passion. Pour cela ils n’hésitent pas à abattre des arbres rares ou millénaires, certains autrefois sacrés.

 

J’ai déjà mentionné le fait que je vis en Espagne, plus spécifiquement en Galice. L’Espagne est, en règle générale, un pays où les arbres se font rares. Il y a plusieurs raisons à cela, monoculture intensive, goût immodéré pour le béton, feismo (du mot « feo » - « laid »,qui décrit l’amour des espagnols pour les choses de mauvais goût et tape-à-l’œil).Cependant les archers et les guerres ont également participé à la déforestation massive de ce pays. Par exemple, les forêts d’if de la péninsule ont été plus ou moins rasées pour la fabrication des longbows des anglois pendant la guerre de cent ans. L’Italie a connu un sort semblable quoique moins tragique, ilreste encore des ifs là-bas. Pour ceux d’entre vous qui connaissent laCastille, imaginez-vous qu’autrefois c’était une seule et unique forêt, ondisait même qu’un écureuil pouvait la traverser sans jamais toucher terre. Maintenant, tentez de chercher l'ombre.

 

Quant à la Galice, que dire, la plupart des arbres endémiques ont disparus, ravagés par les incendies, les lignes électriques et les autoroutes. Dans certaines régions on ne voit que des pins, mimosas et des eucalyptus, arbres qui représentent ici une menace et n’ont rien de traditionnels, mais la spéculation pour la pâte à papier…

 

Je suis archer, tire en traditionnel et m’adonne de temps en temps à la facture d’arc. Je n’utilise que du mimosa pour l’instant, ce n’est pas un très bon bois, mais comme ces arcs sont destinés à des enfants, cela ne pose pas de problème. On m’a proposé des billettes d’orme, d’if, de frêne, que j’ai toujours refusées jusqu’à ce jour. Ces arbres sont ici rares ou exceptionnels, et aucune des personnes m’ayant proposé d’abattre ces arbres n’avait de projet de replantation.

 

Il n’y a pas si longtemps que cela, quand on abattait unarbre, on en plantait deux de la même espèce. Cette pratique tend à disparaître. Je n’irais pas jusqu’à dire que tout se perd, mais… Combien reste-t-il d’arbres millénaires en Europe, et surtout au niveau naturel. Je sais que peu vont tenter d’abattre un arbre dans un parc ou un jardin, mais dans un espace sans surveillance ? Que va-t-il rester pour nos enfants ou petits-enfants ? Devront-ils se rendre dans les jardins publics de France pour savoir ce qu’est un arbre en dehors du platane et du tilleul ?

 

Bonne partie des essences utilisées pour la facture d’arc sont des essences assez rares, l’if naturel est rarissime, l’orme est en voie de disparition au niveau européen, les frênes sont victimes de maladies et de parasites qui les menacent… Quant aux autres essences, je ne vais pas trop m’avancer mais je ne considère pas que cela soit très écologique ni moral de faire raser les forêts des autres pays pour satisfaire un plaisir individuel, aussi grand puisse-t-il être, et je ne parle plus uniquement de la facture d’arc.

 

La recherche incessante de la performance et du « meilleur »ne me paraît pas vraiment saine, après tout, il paraît que c’est l’archer l’important et non l’arc. Je suppose que l’adoption d’un comportement plein de bon sens et de prévision devrait être de rigueur, ainsi qu’apprendre à faire la distinction entre envie et nécessité. Cela me paraît une chose de couper un arbre pour en faire un arc si c’est son moyen de subsistance, vente ou chasse de survie, ce qui est assez rare par chez nous. Il faut 15 minutes pour couper un arbre, plusieurs vies pour le voir pousser, s’il pousse.

 

Je m’excuse pour ce post assez moralisateur, j’en ai bien conscience, à l’avenir j’essaierai de ne pas (trop) jeter de pavé dans la mare. Mais le fait d’avoir voyagé et vu d’autres paysages et cultures, m’a fait prendre conscience de la chance que nous avons en France sur ce sujet, tâchons de la conserver.

[nono_le_motard]

Bonjour a toi,

si on coupait encore a tout va , ton discours serait bien fondé .

ce n'est pas le cas , je vais parler pour le mien de cas , j'ai du couper depuis mes début en facture quelques choses comme une vingtaine de branches , billettes etc...

toujours en pleine foret très dense la ou justement il faut élaguer pour permettre aux arbres de respirer , il ne faut pas oublier que pour avoir de belle foret il faut aussi les entretenir !!!

j'ai couper aussi dans les haies qui bordent les champs , pareil haies qu'il faut tailler sous peine d'envahissement des chemin....

donc tu vois je ne pense pas que tout cela soit déraisonnable !!

je ne pense pas que les facteurs comme tu le dis coupe des arbres millénaires, bien trop gros!!!

des essences rares peut être dans certaines régions c'est bien possible !

quand a l'orme il est rare a cause d'une maladie et non a cause de la coupe humaine.

pour ma part je coupe frene , if et robinier.

voili voilou , mais si on est assez nombreux je ne pense pas que ce que l'on coupe pour la facture soit a meme d'appauvrir nos forets.

le débat est ouvert

[Corbeau]

C'est bien d'avoir un état d'esprit responsable, mais je vois mal la facture d'arc responsable de déforestation...

En France la superficie de forêt augmente. On trouve plein d'essences saines et abondantes.

On peut faire un arc avec un arbuste de quelques années seulement (noisetier, cornouiller, aubépine, etc.).

On peut acheter du bois exotique provenant d'exploitations "labellisées".

Bref, on peut rester vigilant sans culpabiliser à l'avance...

[Guest arc à hic]

De plus le facteur ne s'intéresse qu'à une infime minorité d'arbres dans les essences qui les intéressent: le plus régulier possible avec le moins de départ de branches sur une longueur convenable...

Dans certains jardins les ifs sont devenus si importants au cours de leur croissance qu'ils menacent d' affaiblir les murs contre lesquels ils poussent. Il faut alors les couper. La plupart du temps ceux ci sont alors brules à ciel ouvert sans dicernement... Il me reste d'ailleurs quelques branches d'if à sauver d'un pareil tourment...

[ArcoIris]

Je vous remercie pour vos réponses. J'espère qu'il n'y a pas de malentendus, je ne veux pas jeter l'opprobe sur les quelques archers faisant leurs propres arcs. Si je pousse un "coup de gueule", c'est surtout à cause de mon contexte, dans la région où je vis, genre dans les 30 kilomètres aux alentours, il y a chaque jour 2-3 incendies et des centaines d'hectares qui partent en fumée. Alors quand une personne me dit en voyant mes arcs qu'elle veut que je lui en fasse un qui pousse, un truc pour mâle quoi, et qu'elle est disposée à me couper un if dans le coin (il doit rester une petite vallée où il en reste quelques dizaines), sans se préoccuper ni de l'époque de la coupe, du site et encore moins de la replantation, j'ai légèrement tendance à voir rouge. Je suis rassuré de voir que les mentalités sont différentes en France, par moments je ne sais même plus pourquoi j'en suis parti. A ce propos, si parmi vous il y a des personnes intéressées par du mimosa et de l'eucalyptus (ça marche pour les arcs ça?) à la fin du mois prochain je devrais rentrer en France rapidement et pourrais peut être amener quelques billettes pour passer le temps.

[loicdu44]

Salut, J'aime bien ton "coup de gueule".

Mais je suis d'accord avec nono_le _motard, il ne faut pas généraliser.

J'habite en Brière les frênes, les ormes, et les aunes y sont abondant. Pour ce qui est de moi je n'est couper qu'un seul arbre. Un frêne. Il était dans une friche je n'ait fait que faire un chemin et élaguer. Je pense couper une billette de robinier. Là ou je veux la couper il y en a plein et ils commencent à être dangereux.

Je fais parti des gents qui vont préférer éclaircir un bois plutôt que de le voir disparaitre en friche. Je pense m'installer en temps qu'agriculteur. Un de mes objectifs est d'avoir tout autour de mes parcelles des haie. Dans mon secteur il faudra donc en replanter comme en raser. Mais de façon à avoir des haie entretenues et vivantes.

Couper un arbre et en replanter deux c'est bien mais savoir les entretenir c'est encore mieux.

B)

[pierre]

Il y a énormément de choses à dire concernant ton texte, qui contient un certain nombre d'amalgames et de contre vérités.

Je vais utiliser mon cas comme un exemple concernant les sources d'approvisionnement car Je suis pro et j'ai une assez grosse production d'arcs.

Pour les arcs simples, mon if provient de bois qui a été coupé par des équipes d'espaces verts de différentes communes j'ai d'ailleurs un gros stock d'if qui date de la tempête Klaus. Mon orme provient d'une même zone ou le bois est attaqué par la graphiose, mon frêne est acheté chez un marchand de bois qui utilise du bois provenant de forêts gérées durablement. Mon robinier provient de repousses sur des arbres déjà coupés. le robinier pousse très bien en cépée, le bois repoussera encore plus vif.

Pour mes lamellés collés, mon ipé provient de chez un marchand de bois qui utilise du bois provenant de forêts gérées durablement de même que les quelques rares bois précieux que j'utilise pour mes poignées, mon bambou provient de jardinerie et je n'utilise que 3 bambous, en moyenne par an.

Un facteur d'arcs a des besoins très spécifiques, tu as surement pu t'en rendre compte. Pour un if, c'est peut être un arbre sur 100, dans le meilleur des cas qui conviendra et souvent on peut couper une branche a un arbre qui ne mourra donc pas.

Par ailleurs, je connais un certain nombre de facteurs d'arcs en au Pays Basque et en Cantabrie et pour le moment, je n'ai pas encore été confronté à la mentalité que tu dénonces...